Depuis quelques jours, je me trouve aux côtés de mon oncle, qui reçoit des soins palliatifs à domicile. C’est une expérience profondément bouleversante, mais aussi porteuse d’enseignements sur l’intelligence émotionnelle et la manière dont elle peut nous soutenir dans des moments aussi délicats.
Mon oncle fait preuve d’un calme et d’une lucidité qui m’impressionnent. En dépit de la proximité de la fin, il prépare son départ avec une force intérieure incroyable. Il organise ses funérailles, met en place les modalités de ce qui sera son dernier voyage, tout en restant pleinement connecté à nous, sa famille. Le voir affronter avec tant de courage cette phase de la vie m’interroge sur ma propre gestion des émotions.
De mon côté, je suis là pour aider, pour soutenir. Mes parents, âgés et avec une mobilité réduite, logent dans un gîte non loin de la maison. Je fais des allers-retours, en gérant les urgences et en m’adaptant à l’état d’éveil de mon oncle. Ce qui m’étonne, c’est mon calme. Je suis toujours dans l’action, à organiser, à anticiper, à répondre aux besoins immédiats, ce qui m’empêche, semble-t-il, de pleurer.
Cette absence de larmes, que certains pourraient interpréter comme un signe d’insensibilité, me semble être l’expression d’une autre forme d’intelligence émotionnelle : celle qui consiste à mettre temporairement de côté les émotions pour mieux aider ceux qui en ont besoin. Je suis dans un état de vigilance et de présence constante, prête à réagir à tout moment.
Cette gestion des émotions ne signifie pas que je ne ressens rien. Au contraire, je me sens profondément connectée à la situation et aux personnes qui m’entourent. Mais l’action me donne un cadre pour canaliser mes émotions et les transformer en soutien concret. Je me rends compte que l’intelligence émotionnelle n’est pas seulement une question de comprendre ou d’exprimer ses émotions. Elle consiste aussi à savoir quand il est nécessaire de les mettre en pause pour être au service des autres.
Ce processus, je le vis jour après jour, et il me montre combien l’intelligence émotionnelle est essentielle dans les moments de crise. Elle me permet de rester forte, pour moi-même et pour ma famille. Elle me donne les outils pour gérer des situations que je n’aurais jamais pensé pouvoir affronter. Et en fin de compte, elle m’aide à accompagner mon oncle dans cette dernière étape de sa vie, avec tout le respect et la dignité qu’il mérite.
Je ne sais pas quand les larmes viendront, mais je sais que quand elles le feront, ce sera aussi une forme d’intelligence émotionnelle, celle qui permet de se reconnecter à soi-même une fois que le besoin d’action a pris fin.
Pour l’instant, je continue d’être là, calme et présente. C’est ma manière de montrer l’amour et le respect que j’ai pour mon oncle, en l’accompagnant avec force et bienveillance, jusqu’au bout.