Quand l’intelligence émotionnelle devient une force tranquille dans l’accompagnement de fin de vie
6 octobre 2024Quand le métier ne fait plus sens : que faire quand tout vacille ?
La perte de sens : un signal, pas une faiblesse
Il n’est pas rare qu’un matin, sans crier gare, une question s’installe : « À quoi bon ? ». Elle ne hurle pas. Elle chuchote. Elle ronge lentement les évidences, s’insinue dans les gestes automatiques, vide les réussites de leur goût. Cette perte de sens n’est pas un caprice. Elle est un signe. Celui que quelque chose en nous résiste à continuer comme avant. Et si ce n’était pas une faiblesse à corriger, mais un appel à écouter ? Dans une société qui valorise l'efficacité, l’endurance, la performance, reconnaître ce désalignement peut sembler coupable. Pourtant, c’est une forme d’intelligence. Une lucidité intérieure qui refuse de trahir ce qui compte vraiment.
Nombreux sont ceux qui, un jour, regardent leur métier avec l’étrangeté d’un costume trop étroit. Le poste n’a pas changé, le salaire tombe, les collègues sont les mêmes. Et pourtant, tout a changé. Car ce n’est pas le cadre extérieur qui a bougé, c’est l’intérieur. Les valeurs se décalent, les priorités s’affinent, les émotions ne se laissent plus anesthésier. Il ne s’agit pas toujours de tout quitter. Mais de s’arrêter, enfin, pour interroger : qu’est-ce qui ne me nourrit plus ? Qu’est-ce que je sacrifie ? Où suis-je encore vivant ?
Quand l’âme professionnelle s’épuise : les indices du trop-plein
Le manque de sens n’arrive pas d’un coup. Il s’installe souvent après une succession de renoncements silencieux. On baisse les bras sur une idée, on se tait lors d’une réunion, on exécute sans adhérer. On dit “oui” avec la bouche, “non” avec le cœur. Et le corps, tôt ou tard, parle. Fatigue chronique, tensions musculaires, procrastination accrue, perte de motivation… autant de manifestations somatiques d’un désaccord profond.
Derrière le mal-être professionnel, il y a parfois une inadéquation entre l’identité intime et le rôle social. Peut-être qu’on n’y croit plus. Peut-être qu’on a trop donné, trop absorbé, trop encaissé. Peut-être qu’on n’a jamais choisi vraiment ce métier, mais qu’on y est resté par loyauté, sécurité ou peur. Cette dissonance génère un épuisement spécifique : non pas le burn-out classique lié à la surcharge, mais une forme d’effondrement existentiel. Ce n’est pas tant de faire trop qui fatigue, c’est de faire sans raison. Ou contre soi.
Se reconnecter à soi : une démarche intime et stratégique
Retrouver du sens n’est pas une opération mentale. C’est une démarche incarnée, lente, qui demande d’oser se poser les bonnes questions. Qu’est-ce que je veux transmettre ? Quelle part de moi n’a plus de place ici ? De quoi ai-je profondément besoin pour me sentir utile, vivant, aligné ? Cela demande parfois de déconstruire les injonctions héritées, de cesser de se définir uniquement par un métier ou un statut.
Mais ce n’est pas un chemin solitaire. Être accompagné dans cette exploration – par un coach, un thérapeute, un mentor – permet de nommer, d’éclairer, de structurer. Cela peut aussi passer par un bilan de compétences émotionnel, une mise à plat sincère des ressources intérieures et des aspirations profondes. Le sens ne se décrète pas, il se construit. Et il évolue. Ce qui faisait sens hier peut ne plus en faire aujourd’hui. Et c’est sain.

Du désalignement à l’élan : ouvrir un nouveau chapitre
Rien ne garantit que le prochain virage sera confortable. Mais il peut être juste. La perte de sens n’est pas une fin, c’est une transition. Une traversée. Elle oblige à réajuster, à rechoisir, parfois à renoncer, mais aussi à créer. Certains retrouvent du souffle en changeant de posture dans leur métier, d’autres en bifurquant vers une autre voie, d’autres encore en osant un projet longtemps mis de côté.
Ce qui importe, ce n’est pas la solution universelle. C’est la cohérence retrouvée. Le moment où l’on cesse de trahir ses valeurs. Où le matin, malgré les doutes, quelque chose pousse à avancer. Ce quelque chose, c’est l’élan. Il ne crie pas plus fort que le désespoir. Mais il a cette clarté tranquille des évidences. Il ne dit pas “tu dois réussir”, il dit “tu peux être entier”.
Et si cette crise de sens n’était pas un échec, mais une chance ? Une opportunité rare de revenir à l’essentiel : ce qui fait que, au-delà du métier, notre présence au monde est pleinement vivante.